Notre interview de Chloé Frammery


Pour cette première interview de l’année, Actions Suisse a eu le plaisir de recevoir Chloé Frammery dans les studios d’AgoraTV. La bonne humeur débordante et communicative de Chloé a su mettre en confiance Laura-Jane, nouvelle chroniqueuse pour les interviews d’Actions Suisse.

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La résistante genevoise a rapidement précisé que le terme de « lanceuse d’alerte », souvent utilisé pour la décrire, ne lui convient pas complètement selon les définitions. Elle se voit plus volontiers comme une « résistante et militante pour les droits humains ». Depuis 10 ans, Chloé fait ses recherches afin de comprendre les dysfonctionnements. « Lorsque l’on tire le fil, la pelote est assez longue et assez épaisse », nous confie-t-elle. Que ce soient ses intuitions personnelles ou des infos apportées par des contacts, Chloé a de la peine à garder une information pour elle. Il faut néanmoins que la militante ait pu vérifier et étayer les soupçons avant de les diffuser. L’objectif de ce partage n’est pas de satisfaire un public ou une « communauté », mais bien de « ne pas avoir des personnes qui me suivent aveuglément ». « Ce que j’essaye de faire, c’est de donner envie aux gens de faire leurs propres recherches, de ne croire personne sur parole et d’avoir le courage nécessaire pour s’affirmer », nous dit Chloé.

Qui dit partage, dit outils de communication et avec les temps que nous connaissons, le risque de censure est toujours plus grand. Le 6 mars 2021, YouTube a supprimé la chaîne de Chloé. Mais l’humain s’adapte vite et aujourd’hui les plateformes où Chloé intervient sur ses chaînes sans censure sont : Odysee (https://odysee.com/@Chloe_F:b), Rumble (https://rumble.com/user/ChloeFra), Telegram (https://t.me/chloefinfosofficiel), Crowdbunker (https://crowdbunker.com/@ChloeFrammery).

Même si cette vocation occupe aujourd’hui une grande partie de son emploi du temps, Chloé Frammery est enseignante au cycle d’orientation à Genève mais a été assignée à deux entretiens de service* dès l’hiver 2019 et suspendue depuis l’été 2021.

Quelques heures avant le direct, nous avons appris qu’une mise à l’écart de 10 jours avait été prononcée par un directeur d’établissement primaire pour des enfants venus sans masque le lundi 31 janvier dernier. « Je me dis que 10 jours de vacances c’est génial. » réagit Chloé, ne pouvant s’empêcher de voir le côté positif de la nouvelle. Sur le fond, l’enseignante n’est pas en accord avec cette mise à l’écart des enfants et rappelle que d’autres cantons avaient, eux, mis fin à cette mesure le jour-même et que ce port du masque est dangereux pour les enfants qui se retrouvent avec un taux d’oxygène vital insuffisant très rapidement après avoir mis le masque.

Une école politiquement neutre est un concept difficilement envisageable aujourd’hui. Il faudrait en effet que l’école ne mette pas en place les politiques gouvernementales, ni qu’elles tiennent le même discours sur certaines thématiques. La résistante genevoise nous parle par exemple d’une incitation du DIP (Département de l’instruction publique) pour que les élèves participent aux marches pour le climat, alors qu’a contrario, il y a eu des menaces de sanctions pour ceux qui voulaient prendre part aux marches pour défendre la fonction publique, et l’école en particulier, à l’hiver 2015. En conclusion, sur cette neutralité de l’école, Chloé nous dit : « Je pense qu’une école saine, c’est une école où on a le droit de parler de tout et de tout remettre en question. ». Il y a un autre équilibre que l’enseignement n’a pas su garder. L’école d’aujourd’hui a trop minimisé les branches qui développent la créativité et laissent la liberté à chacun de s’exprimer. « Leur faculté de construire des choses qui pourraient leur servir plus tard, comme cultiver un potager, se fabriquer des vêtements. Ce sont des connaissances qui leur seraient utiles, du moins autant que le Français, les Maths ou l’Allemand. » rapporte la genevoise.

Le système de formation suisse, pourvu de nombreuses passerelles, arrive encore à associer la pratique et la théorie. Cependant, « Maintenant, on a appris, dans notre inconscient collectif, à traiter les matières ou les disciplines manuelles comme en bas alors qu’elles ne sont pas du tout en bas. Je dirais, s’il y avait un classement à faire, qu’elles seraient en haut car sans les gens qui fabriquent nos maisons ou qui font pousser nos légumes, on fait quoi ?». Les trois intervenants ont alors brièvement présenté leur parcours de formation et il en ressort rapidement que les voies et les niveaux de l’école publique n’ont rien de déterminant dans la suite de la formation.

Un conseil pour les parents qui ne sont pas en accord avec les mesures prises dans les milieux scolaires : « Mon conseil, c’est de s’écouter, c’est de faire ce qui leur semble juste et de ne pas juste se conformer par mimétisme ou par peur. »

Une école idéale pour Chloé Frammery, c’est un endroit où l’élève se sent bien, dans un environnement stable ; mais surtout, « l’école idéale permet de se développer et de valoriser tous nos talents. » « Elle permet le débat, elle permet d’affûter l’esprit critique et puis elle est proche de la nature ».

Pour tenir dans les moments plus difficiles, la résistante reste active et écoute ses intuitions, ses envies, ses valeurs et met en action ce qui vibre à l’intérieur d’elle. « C’est pour cela que j’ai commencé à militer. Pour être en accord avec moi, pour garder le moral. Et il y a le contact humain qui est d’une qualité exceptionnelle en ce moment ».

Chez Chloé, le partage est très important et c’est un aspect qu’elle sait communiquer tant dans ses vidéos, dans son enseignement ou lors des manifestations.

*Entretien de service : Dans le cas de Chloé Frammery, il s’agit d’un entretien à l’issue duquel une sanction est visée.

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