Ein bisschen Literatur que diable ! « Eh bien ! Dansez maitenant. » en feuilleton hebdomadaire


Je retourne à mes premières amours, au romanesque, à l’autofictif, au devoir de vérité foucaldien et à tout le saint-frusquin. Je vous avoue que le texte que je m’en vais vous offrir ne fait de loin pas l’unanimité, pas une maison d’édition n’en a voulu, le texte est « trop chaud », de la littérature comploplo : cachez donc ces vérités que l’on ne saurait ni voir ni admettre ! Premier épisode.

Ma mère est morte, nous vivons en dictature et j’ai acheté de nouveaux rideaux. Il ne s’agit pas de rideaux neufs, à proprement parler, mais de grands rideaux de brocard qui puent un peu. Je ne les ai payés que 40.- mais j’ai dû aller les chercher dans le trou-du-cul de Schwytz, chez une bonne-femme chicki-micki un peu idiote : elle les avait emballés dans un sac poubelle qui a eu trop chaud, d’où la mauvaise odeur. Puisque je ne saurai ressusciter ma mère ni ne peux rétablir nos droits démocratiques à moi seul, j’ai décidé de me concentrer sur la désodorisation de mes « nouveaux » vieux rideaux.

Au début, on avait quelques craintes, ça ressemblait à un mauvais gag. Plus l’affaire avançait, moins les décisions du gouvernement fédéral n’avaient de sens. A moins que l’on y donne un sens « complotiste », à savoir qu’on nous a inventé une pseudémie, qu’on nous a testés par quelques exercices de soumissions – fermeture de lieux de vie sociale, des églises, obligation du port de la couche-culotte faciale – qu’on a continué en nous imposant sans nous l’imposer l’injection d’une thérapie génique expérimentale et l’introduction d’un Ausweis à caractère sanitaire mais surtout un excellent moyen de contrôle social. Selon les complotistes, les injectés vont tous mourir de leur thérapie ;  on leur donne entre six mois et dix ans.

          On ne sait rien de précis à propos de l’origine de la « maladie », on subodore néanmoins ; on a affaire à une pneumopathie pas plus dangereuse qu’une grippe mais un rien plus létale qu’à la normale. La statistique est irréfutable mais la presse, la télé et les politiciens expliquent qu’il faut avoir peur alors les masses infantilisées ont peur. On raconte que tout est empoisonné par le graphène, que le virus est plutôt un parasite, et que les tests pratiqués pour le détecter infectent/empoisonnent ceux qui s’y soumettent. De l’autre côté, les autorités reconnues avouent n’avoir jamais isolé le virus et que leurs tests testent tout et rien. Un coup vous êtes positif, l’autre négatif et, à la troisième fois, on finit par vous dire que vous êtes enceint !

          Quant à ma mère, les causes de son décès semblent plus claires : elle est tombée, elle a fait une petite hémorragie cérébrale, une fracture du bassin, un éclatement de la rate et, là-dessus, on lui a trouvé une infection pulmonaire, une endocardite et un clostridium difficile source chez elle d’un diarrhée qui l’affaiblit alors qu’un cancer de l’œsophage l’avait déjà fait maigrir d’un gros tiers de son poids. Elle est simplement passée dans la nuit du jeudi 26 au vendredi 27 août. On lui avait à peine administré un peu de morphine et de dormicum. A bien y réfléchir, les causes du décès ne sont pas très claires. Elle était à bout, cette femme décharnée qui geignait faiblement au fond d’un lit high-tech n’était déjà plus ma mère, ou à quelques très rares instants. Son corps avait l’aspect cartonneux d’une momie débandelettée, un rictus inexpressif qui lui découvrait les dents. Par bonheur, ça ne sentait rien dans sa chambre. Pas comme chez elle, l’appartement de notre enfance à ma sœur et moi que nous devons vider et où flottent encore le parfum insistant d’une eau de toilette fleurie trop lourde et tournée mêlé d’une note amère comme la bile entre la régurgitation et la merde.

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