L’Allemagne pourrait couper le robinet du gaz à la Suisse.


GUERRE EN EUROPE, EFFET DOMINO :

La Russie a coupé le robinet du gaz à la Pologne et à la Bulgarie. Ces pays ont refusé de payer la facture en roubles. En faisant cela, Poutine avertit le reste de l’Europe. Si la Russie devait couper le gaz à l’Allemagne,  cela impacterai également la Suisse.

Poutine n’aurait pas pu être plus clair: fin mars, il annonçait qu’il couperait le robinet du gaz à tous ceux qui ne paieraient pas leurs factures en roubles. Mercredi, il a joint le geste à la parole. Le grand gazier russe Gazprom a suspendu ses livraisons en Pologne et en Bulgarie.

Selon les experts, il ne s’agit pourtant que d’un prétexte, en tout cas pour la Pologne. La Russie n’a que peu apprécié son soutien fourni à l’Ukraine depuis le début du conflit. En effet, le gouvernement polonais milite activement pour un boycott de l’énergie russe, exige des livraisons d’armes massives à son voisin et accueille un grand nombre de réfugiés.

Le chantage au gaz de Poutine.

La stratégie de Poutine est assez simple, il s’agit d’un avertissement pour les autres pays occidentaux, qui pourraient se retrouver à tout moment sans gaz russe. Pour se libérer de cette situation, le gouvernement russe a tout prévu: les  créditeurs peuvent déposer des dollars ou des euros sur un compte russe auprès de la Gazprombank, la banque du groupe, véritable bras financier du gaz russe, qui se charge de convertir la somme en roubles.

Plus de gaz en Allemagne, plus de gaz en Suisse.

La Suisse couvre environ 15% de ses besoins énergétiques avec du gaz, dont près de la moitié provient de Russie. Si Poutine coupe le gaz dans d’autres pays, un effet domino risque fort de se produire.

Les réserves de gaz permettent encore de tenir jusqu’à l’hiver prochain, notamment grâce au gaz naturel liquéfié (GNL) et aux livraisons provenant de Norvège. Mais si le robinet du gaz russe devait être bloqué vers l’Allemagne, celle-ci prévoirait son «niveau 3» de l’état d’urgence, explique Andreas Tresch. «Pratiquement, cela implique que l’Allemagne couperait à son tour le robinet vers les pays tiers, en commençant par ceux non-membres de l’UE. La Suisse serait alors en première ligne», explique l’expert.

Mise en place d’une task force énergétique.

Si cela devait se produire, la Suisse aurait un problème immédiat. Cependant, même sans cet arrêt, notre pays pourrait bien se diriger vers une pénurie dès l’hiver prochain. «Pour ce scénario et la planification de la sécurité d’approvisionnement énergétique pour l’hiver 2022-2023, la Confédération a mis en place une task force», explique Andreas Tresch, dont l’entreprise Enerprice est d’ailleurs membre.

Mais des solutions sont en cours de discutions. La Suisse pourrait par exemple essayer de s’approvisionner davantage en gaz auprès de l’Italie. Une autre variante consisterait à construire des installations de stockage de gaz naturel liquéfié. «Mais cela prend du temps et est incroyablement cher», relativise Andreas Tresch.

À court terme, un achat dans des dépôts de gaz de l’espace européen pourrait également aider. «Nous ne savons toutefois pas si, en cas d’urgence, le gaz continuerait à arriver», dit-il.

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