Eh bien ! Dansez maintenant. Episode 2


Suite de notre feuilleton, désolé du retard de livraison, j’espère que cette attente aura aiguisé votre appétit … littéraire !

J’ai eu à faire, deux ou trois batailles, terminer mon précédent texte, tenter de rendre l’appartement de ma défunte mère plus ou moins propre, essayer de limiter les frais liés aux obsèques, plus la résistance quotidienne, les Ausweis à renouveler et l’indignation silencieuse qui m’étouffe. C’est un monde d’après avec ses nouveaux codes, la bêtise crasse des dirigeants et, paradoxalement, de nouvelles libertés ! Je me sens tout à fait libre face aux escroqueries de la nomenklatura et de l’intelligentsia, libre de leur cracher dessus, de leur « pisser à la raie » métaphoriquement et en toute bienveillance, s’entend bien. On se prépare à un prochain vote, un référendum contre les modifications de la loi Covid, à savoir l’injection obligatoire, le flicage numérique, la perpétuité des Ausweis avec tous les abus que l’on peut imaginer.

Cette après-midi, après ma séance psy-psy, je suis passé au Cercle où il fallait aussi prouver que nos grands-parents ne sont pas juifs pour fréquenter ses salons déserts remplis de fausses antiquités grotesques. C’était triste et plaisant, se dire que tout n’as pas tant changé. Je suis toujours frappé par cette impression, à chaque fois que, pour sortir, je pousse la trop lourde porte du cube néo Art Déco dans lequel nous logeons, cette impression de me réveiller d’un cauchemar en reconnaissant ce ciel au-dessus de la rue encaissée, un point de fuite sur le Jura, la couleur même de la lumière, je me dis que ça ne devrait pas aller si mal.

Le plus dur ? Le matin, alors qu’une vaste étendue de rien s’ouvre à moi. En vérité, le plus dur, le silence de la télé ! J’avais mes habitudes, Télématin ou Volle Kanne ou l’émission matinale de Sat 1, pour me sentir en vacances. Soit, je pourrais encore suivre ces programmes, et me faire abreuver de la propagande sanitaire, des risques considérables que représente un virus de pneumopathie bricolé à la mode chinoise ou les mérites d’une thérapie génique encore à l’essai. J’ouvre les yeux, chaque matin, depuis bientôt deux ans, sur un horizon nébuleux, insondable et barré. Parfois, une urgence ou l’annonce d’une nouvelle catastrophe fait brièvement monter la pression dans les tuyaux puis je retourne à mon petit néant, au silence de la télévision, à l’inutilité de mon « état ». A présent que nous avons répudié la succession, que l’appartement de notre enfance (celle de ma sœur et la mienne) est vide, les clefs rendues à la gérance, j’ai le loisir de faire mon deuil …pour peu que le grand rien abyssal du matin dans lequel se déverse ma vie m’en laisse l’occasion. J’ai vécu plus de la moitié de ma vie dans ce logement mal-foutu, quartier prolo vaguement gentrifié avec la campagne tout autour, des points de vue bucoliques, très XVIIIème, idéalisés, toute ma vie.

La relation a tourné à l’eau de boudin avec la gérance, j’ai encore dû être cassant, péremptoire, seul face … face au monde, comme souvent, comme toujours. Ma sœur, mon beau-frère, mon neveu, ma nièce ont tout embarqué, tout, jusqu’aux cosmétiques entamés ! J’ai pris ce que je voulais, j’ai récupéré une partie de mes jolis meubles  de jeunesse, abîmés et malmenés par ma mère. Tout le reste a été emporté. On m’a toutefois laissé un peu de merde, ils n’ont même pas été foutus de balancer le verre vide qui traînait dans la cave, le jeter dans le container pile devant la maison. On m’a tout laissé en vrac, tout bien tout mélangé, cartons, papiers, ferrailles, fond de tiroirs … J’y ai même retrouvé des photos de moi, comme c’est aimable, et des petits cadeaux que j’avais faits à ma mère. Poubelle.

J’ai fait usage de mon Ausweis, je suis allé boire un chocolat chaud maison avec les chiens dans un salon de thé de collabos, un lieu pas moins collabo que les cafés, restaurants, fitness, cinémas, musées qui, tous, exigent le pass nasitaire … parce que c’est la loi, leur a-t-on fait croire. Dire mon dégoût est bien en deçà de mon ressenti. Des p’tits d’jeunes de bonne famille de merde, total look, fringues de marque, têtes de con, coupe de cheveux impeccables, deux petits couples, deux mecs pas mal et leurs bonnes femmes insignifiantes. Il y a quelques mois encore, je me serais demandé ce qu’ils faisaient  avec de telles filles ? Aujourd’hui, je sais que cela procède de leur formatage à la banalité sociale, banalité à laquelle ils sont destinés. Ils sont incapables de témoigner de la moindre indépendance intellectuelle. Ils ont la tête, les vêtements, les chaussures, l’argent de poche, les activités qu’il faut. Leurs nanas transparentes sont uniquement là pour leur donner la réplique, remplir la case conjugalité et, vraisemblablement, une fellation hebdomadaire. Et ils sont là parce que dûment vaxxés à l’aide d’un produit douteux à propos duquel ils ne se posent pas plus de questions que sur la légitimité de leur pipe conjugale : ça va de soi. Y’en a point comme moi, pas beaucoup du moins.

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